Haute Charente
Les Parachutages du Mainejoie – Etagnac - Charente 
Extrait du livre de Jean Raynaud qui participa à plusieurs parachutages qui eurent lieu au village de Mainejoie, sur la commune d'Etagnac, 
Il relata ces événements dans son livre PAS de PEUR...PARFOIS des FRISSONS 
dont nous rapportons ci dessous quelques extraits. 
 
 
Plus tard, nous voici aux parachutages, travail délicat et dangereux, dans un secret absolu  
Que se passait-il ? Comment nous opérions ?  
Je vais vous le dire, 
Les premiers parachutages à Etagnac eurent lieu à Pierre-Levée, à partir de novembre 1943, avec l'aide de camarades de Saint-Junien, dans le pré de Pierre Chaperon, devant sa porte, non sans peine ni sans crainte, mais toujours avec bon espoir et courage. 
Son emplacement, car situé en bordure de la route nationale 148 de Confolens au chevet du terrain, nous créait à tout moment un danger mortel. 
Alors, c'est moi même qui ai proposé un autre emplacement, et j'ai demandé à faire homologuer un autre terrain, au nord du village de Mainejoie dans un champ de 300 mètres de long, qui appartenait à Jean Pagnoux et éloigné de toute route, pas loin de la forêt d'Etagnac. 
La proposition que j'avais faite sur mon rapport fut acceptée dans les plus brefs délais, sous 48 heures, La décision venait de Londres. 
Avant de pouvoirs réaliser ces opérations, il fallait attendre les ordres de Londres et de nos supérieurs. Nous vivions et travaillons tous dans la clandestinité à ce moment là. 
A chaque fois rien qu’un appareil... Pour déclencher le parachutage, il fallait d’abord recevoir cet avion. Il fallait des mots d'ordre. Eh bien voilà ces mots d'ordre, on les recevait ainsi : il fallait un poste récepteur (T.S.F), tout le monde n'en avait pas, moi j'en avais un. Alors tous les jours vers 8 h, 12 h, 14 h, 16 h, 20 h, il fallait prendre les émissions de Londres «Ici Londres. Prenez message» 
Et la lettre que j'ai reçue est R. Le mot du parachutage était  
« Mon perroquet est vert » 
Alors il fallait faire le morse de la lettre R à la lampe électrique lorsque l'avion arrivait. 
Voici quelques exemples de mots de parachutage que nous utilisions : 
« Mon perroquet est vert » 
« Mon placard a une mauvaise fermeture » 
« Le pompon du colonel est déplumé »  
…..et bien d'autres 
Pour indications : 
A Pierre-Levée, le point de repère pour les avions de parachutage était Sainte-Marie, la Sainte Vierge à Etagnac, 
Pour les parachutages au nord de Mainejoie, le point de repère pour les avions était le clocher de Brigueuil. Les parachutages se faisaient toujours vers deux ou trois heures du matin.  
Alors dès qu'il avait reçu et compris la lettre et les signaux en morse, tout en constatant qu'il était bien au dessus du terrain homologué, le Commandant de bord de l'avion larguait ses containers. 
Cependant avant de lâcher ses containers, l'appareil ouvrait de grands feux comme signaux pour nous montrer qu'il avait compris les nôtres. 
Alors il lâchait tout son chargement..... 
Lorsqu'il descendait, on entendait toute cette ferraille qui « se trinquait les unes contre les autres »... et parfois, un parachute ne s'ouvrait pas, et la charge tombait comme un énorme rocher. Gare à ne pas se faire écraser ! Alors il fallait compter soit jusqu'à 18 soit jusqu'à 21 le temps que les parachutes arrivent au sol. 
Il m'est arrivé quelquefois de pousser le container suspendu au parachute avant qu'il ne touche le sol car on aurait dit qu'il flottait un peu comme une bulle de savon... 
Puis il fallait faire vite pour débarrasser le terrain, traîner ou emporter des poids atteignant 150 kilos, en camouflant le tout sous des fagots et faire disparaître les parachutes. 
Pendant tout ce travail, des camarades en sentinelle tout autour du terrain, montaient la garde car le risque était très grand.