La libération d'Angoulême  
31 août 1944 
 
 
Ce sont les organisations de la résistance charentaise qui ont libéré Angoulême, Barbazieux, Ruffec, Cognac, Confolens et toute la Charente de l'occupation allemande. Ces organisations ne se sont pas créées du jour au lendemain. Bien peu de gens en Charente écoutaient la BBC et on peut dire que l'appel du général de Gaulle le 18 juin 1940 à poursuivre les combats et à refuser l'armistice n'a été reçu que beaucoup plus tard. Bien évidemment l'arrivée des troupes allemandes et leur installation à Angoulême le 24 juin 1940 dans les bâtiments publics y compris dans les lycées et collèges de la ville a plongé la population dans le désarroi. Le tracé de la ligne de démarcation, véritable frontière, avec ses postes de contrôle, du nord au sud de la Charente, partage le département en deux. Un peu plus tard, les réquisitions, le pillage économique du pays par l'occupant, la pression policière et diverses vexations, amènent peu à peu la population après un temps de surprise d'abord, d'abattement ensuite, à s'organiser face à cette invasion de la soldatesque teutonne. 
Peu à peu, de petits groupes informels se créent spontanément comme pour se ressaisir et pour essayer de contrer quelque peu cette humiliante situation de l'occupation d'abord puis de la honteuse collaboration opérée par le gouvernement de Vichy. Il n'est pas étonnant de voir que ce sont souvent des instituteurs et des professeurs qui prennent la tête de ces mouvements, Vichy ayant fait fermer les écoles normales d'instituteurs et accuser les enseignants de propager des idées contraires à la Patrie. C'est ainsi qu'André Chabanne, instituteur, est le dirigeant du maquis Bir-Hacheim, aux côtés d'un professeur du collège de Chasseneuil, Guy Pascaud. Le journal charentais collaborationniste Le Matin a mené pendant plusieurs semaines une campagne de diffamation contre la directrice de l'Ecole Normale de filles, Mathilde Mir. Elle aussi a été très active dans la résistance charentaise. L'inspecteur d'Académie Jean Talbert a été destitué comme étant un homme de gauche. Aussi par conviction, des gens commencent peu à peu à s'opposer à la politique de Vichy et s'organisent en vue de jours meilleurs et d'une liberté à retrouver.  
Il est intéressant de noter que la ligne de démarcation suivant la R.N.10 et la voie ferrée Paris-Bordeaux pour des raisons stratégiques, met en zone libre l'est du département avec un paysage de bocage, de bosquets, de forêts par opposition à l'ouest avec des paysages dégagés de prairies, de champs cultivés ou de vignobles. Il est donc plus facile de se cacher en zone libre au fond des bois dans des gourbis et autour de bivouacs. C'est ainsi que se constituent le maquis Foch dans le Confolentais, le maquis Bir-Hacheim autour de Cherves-Châtelars et de Chasseneuil-sur-Bonnieure, le maquis des Francs-Tireurs Partisans FTP au château de Pressac près de Chabanais, la Section Spéciale de Sabotage en forêt d'Horte avec pour quartier général la ferme Duruisseau aux Forêts à Bouex et plus au sud le maquis Soleil et la brigade RAC opérant aussi en Dordogne, ceci pour citer les principaux maquis.  
D'abord peu nombreux, les maquisards voient bientôt arriver de nouvelles recrues. Il y a eu d'abord la défaite de l'armée allemande à Stalingrad fin janvier-début février 1943 qui montre bien que les Allemands ne sont pas aussi invincibles que l'on s'était imaginé et que le rouleau compresseur de l'armée allemande n'est plus aussi puissant. Il y a eu aussi et surtout la réquisition des jeunes travailleurs français pour aller travailler en Allemagne avec la loi instaurée par Pierre Laval le 16 février 1943 créant le Service du Travail Obligatoire. De cette façon, le gouvernement de Vichy a vraiment basculé dans la collaboration la plus extrême. Les réfractaires au STO viennent apporter des effectifs à la Résistance, en Charente comme ailleurs. De plus, bien des gens ont commencé à se détourner de Vichy. C'est alors que la Résistance s'amplifie et s'organise. Mais la police allemande réussit à infiltrer des groupes de maquisards pour procéder à des arrestations désorganisant quelque temps la résistance charentaise. En février 1944, Claude Bonnier, délégué militaire envoyé par Londres, vient en Charente pour coordonner l'action de ces divers maquis et les rendre ainsi opérationnels le moment venu. C'est lui qui donne au maquis de Chasseneuil et de Cherves-Châtelars le nom de Bir-Hacheim, celui d'une victoire en Libye d'un détachement français du général Koenig contre les Allemands et les Italiens commandés par le maréchal Erwin Rommel. 
Et le moment venu, c'est l'opération Overlord qui se traduit par le débarquement le 6 juin 1944 sur les côtes de Normandie. L'étau se resserre ainsi sur le IIIe Reich. L'Armée Rouge continue à avancer à l'est vers l'Elbe et Berlin, au sud les Américains remontent par l'Italie vers l'Allemagne. Le débarquement en Provence le 15 août 1944 de la Ière armée avec le général de Lattre de Tassigny vient compléter le dispositif d'encerclement des armées allemandes en Europe.  
 
L'été 1944 en Charente 
 
Le débarquement en Normandie marque le véritable début de la lutte armée entreprise par les maquis. La nouvelle du débarquement provoque en Charente un afflux vers les maquis. Aux réfractaires du STO viennent s'ajouter beaucoup de mobilisés qui ont fait la campagne de 1939-1940 et qui s'engagent dans les unités combattantes. Les effectifs gonflent. Les unités combattantes de la résistance charentaise alignent 3 023 hommes au 1er juillet 1944. Il y a 6 310 hommes au 1er septembre 1944. A cette même date, le maquis Bir-Hacheim compte 2 939 maquisards, le maquis de Pressac 2 752, le maquis Foch 1 450 et la Section Spéciale de Sabotage 137. Il faut donc à la fois encadrer tous ces hommes, les nourrir et leur fournir des armes. Pour les loger, des fermes, des granges, voire des châteaux comme celui de Pressac sont réquisitionnés. 
Entre le 6 juin et le 1er septembre, on dénombre une trentaine de parachutages presque autant que de 1942 au 6 juin 1944. Bir-Hacheim lance un emprunt qui trouve un écho auprès de la population. Toutes les familles de Saint-Adjutory, par exemple, y souscrivent et sont remboursées à la Libération. Des réquisitions auprès de la population sont attestées par des bons. Le ravitaillement est assuré à l'occasion par des raids contre les collaborateurs. Pour les armes, les maquisards n'hésitent pas à opérer des coups de mains. Ainsi le 12 juin 1944, cinquante hommes du maquis Foch attaquent la gendarmerie de Confolens. Les dix gendarmes sont désarmés et les maquisards prennent leurs motos. Les gendarmes partis sont arrêtés à Chabrac et près de Brigueuil et leurs armes confisquées. Le lendemain le maquis Bir-Hacheim s'empare d'armes et de matériel à la gendarmerie de Chasseneuil-sur-Bonnieure. Le 23 juin, ce sont les maquisards FTP de Pressac qui prennent à Confolens plusieurs fûts d'essence de gasoil, des batteries, des roues de secours et un camion des Ponts et Chaussées.  
Pour encadrer les maquisards, fin juillet, une trentaine d'officiers et de sous-officiers du 30e BCP (bataillon de chasseurs à pied), membres de l'ORA (organisation de résistance de l'armée) rejoignent le maquis Foch. De son côté, le maquis Bir- Hacheim se dote d'une organisation militaire avec des compagnies commandées par d'anciens cadres de l'armée. Les hommes reçoivent un numéro matricule. Ils arborent des signes distinctifs comme l'écusson cousu sur les vêtements. Des ateliers de confection d'uniformes sont ouverts à Cherves-Châtelars, Montemboeuf, Vitrac-Saint-Vincent et Chasseneuil. Pendant l'été aussi Bir-Hacheim crée son propre journal qui porte son nom. La brigade RAC, positionnée au sud-est de la Charente, communique dans Forces françaises, organe hebdomadaire du secteur nord de la Dordogne AS, dont le premier numéro paraît le 13 août. 
Le débarquement est préparé par des sabotages ce qui relève surtout de la Section Spéciale de Sabotage dirigée par le capitaine Jacques Nancy. Des plans, portant des noms de couleur, sont prévus : les objectifs sont les voies ferrées (plan vert), les postes de commandement ennemis (plan jaune), les dépôts de munitions (plan rouge), les dépôts de carburant (plan noir), les lignes électriques et de téléphone (plan bleu) et la neutralisation des routes (plan tortue). La mise en application de ces plans en Charente se traduit par une intensification des sabotages dans les jours qui suivent le débarquement. Des voies ferrées sautent à Vervant, à Fontafie, à La Couronne et maints autres endroits. Des pylones électriques sont détruits à l'explosif à Condac, etc.  
C'est qu'il s'agit de retarder au maximum la marche des troupes allemandes qui cherchent à rejoindre la Normandie pour tenter de colmater la brèche puis dans un second temps pour rejoindre le Vaterland qui risque d'être envahi. On peut comprendre l'exaspération des Allemands qui, ne pouvant faire face à une armée régulière bien visible, voient des terroristes partout et du coup, opèrent de manière dissuasive en prenant des otages, en brûlant des maisons, voire en faisant des massacres comme l'a fait la division SS Das Reich, à Brive, à Tulle et à Oradour-sur-Glane. L'été 1944 se traduit par la multiplication des engagements armés. Ainsi en Charente, du 1er juin au 31 août 1944, on recense 76 sabotages, deux batailles, six accrochages, trente et une embuscades, dix huit coups de main et cinq combats. On a vu que pour l'essentiel des sabotages, il s'agit des voies ferrées. En conséquence, les communications allemandes sont gravement perturbées et de nombreux trains transportant du matériel, de l'armement et des troupes, se trouvent ainsi immobilisés.  
A cela viennent s'ajouter les bombardements effectués par les Alliés sur des endroits considérés comme stratégiques. La gare d'Angoulême est bombardée le 15 juin. Les bombes frappent la gare et les quartiers environnants de l'Houmeau et de la Grand-Font. L'alerte est déclenchée à 7h 45. La gare est détruite et son activité est suspendue pendant deux jours. Le bombardement fait 136 morts et une centaine de blessés. 140 immeubles sont détruits. 5 000 personnes sont sinistrées. La ville est bombardée une nouvelle fois le 14 août. Pendant trois minutes, quatre vagues de six avions lâchent leurs bombes sur la gare et les voies de triage. Le tir est cette fois-ci plus précis que le 15 juin. On relève 23 morts et 23 blessés.D'autres bombardements ont lieu en Charente pour contrer des objectifs militaires et pour entraver les déplacements des troupes. C'est ainsi qu'un train de chars d'assaut est bombardé en gare de Chalais.  
Pendant l'été 1944, les maquis prennent progressivement le contrôle du nord-est du département mettant ainsi en danger les communications allemandes. Les autorités prennent acte de cette activité. C'est pour contrer la présence des maquis que l’occupant met en place des colonnes de représailles composées de soldats allemands et de miliciens français. Le 20 juillet, les Allemands établissent à Champagne-Mouton une sorte de camp retranché d'environ 800 hommes afin de menacer les maquis des environs. Le 24 juillet, ils forment à Angoulême une colonne de plusieurs centaines d'hommes qui est accrochée sur la route de Marthon à Javerlhac. Attaqués à Mainzac, les Allemands incendient l'école et des fermes avoisinantes. Les habitants se réfugient dans les forêts. Le 24 juillet, une colonne allemande quitte Champagne-Mouton en direction de Confolens. D'autres troupes partent de La Braconne vers La Rochefoucauld. Les hommes du maquis Foch par crainte d'être pris en tenaille se retirent vers Confolens. Le 27 juillet, un accrochage a lieu à Ambernac. Plusieurs FFI sont tués. L'après-midi, les Allemands et les miliciens se livrent à des pillages. Cinq civils sont tués et des fermes sont incendiées. Une contre-attaque des maquisards de Foch et des FTP de Chabanais obligent les Allemands à se désengager et à se retirer. Le 1er août, c'est la bataille de Chabanais. Le pont sur la Vienne est détruit et les maquisards d'une part, les Allemands et les miliciens d'autre part, se livrent à un combat de rues. La résistance et la pugnacité des maquisards sont telles que les Allemands doivent se replier. Ces combats ont fait onze morts du côté des résistants, soixante dix morts du côté des Allemands et des miliciens, et causé la destruction de soixante maisons. A Pleuville, tout au nord du département, des Allemands tirent sur une voiture et la moto qui l'escorte, constitués de maquisards qui se rendent à Charroux pour préparer un parachutage. Deux maquisards sont tués. Les Allemands s'emparent des documents de la mission à réaliser et de l'argent destiné au maquis et ils incendient dix-huit maisons.  
Au total, la colonne allemande, opérant dans le nord-est du département entre le 26 juillet et le 3 août, a causé la mort de seize maquisards, neuf civils et la destruction de quatre-vingt-dix maisons ou fermes. 
En août, les unités allemandes stationnées dans le sud-ouest se replient afin de franchir la Loire au plus vite pour pouvoir rejoindre l'Allemagne avant la jonction des armées alliées venant de Normandie et celles qui ont débarqué en Provence le 15 août. Le repli allemand est organisé en trois colonnes successives : celle du général Taglishbeck , avec 11 000 hommes, celle du général Elster avec près de 30 000 hommes et celle du général Wurzer, avec 7 000 hommes. L'ensemble de ces unités allemandes remonte vers le Poitou puis traverse le Berry ayant pour objectif de rejoindre Dijon. 
La colonne centrale qui compte trente mille hommes est placée sous le commandement du général Taglishbeck. Des exactions sont commises lors de la traversée de la Charente, en particulier par des Hindous, enrôlés dans la Wehrmacht. Une légion indienne a été constituée à partir d'effectifs faits prisonniers par l'Afrika Korps en 1941-1942 en Libye et en Egypte. Ils ont été envoyés ensuite sur le Mur de l'Atlantique, à Lacanau près du bassin d'Arcachon. Passée sous le contrôle de la Waffen SS le 8 août 1944, la formation devient l'Indische Freiwilligen Legion des Waffen SS. C'est au moment de leur repli vers l'Allemagne que ces Indiens font pour la première fois l'épreuve du feu. Temporairement cantonnés dans la région de Mansle, à Angoulême et à Poitiers, ils sont attaqués par les FFI. Le 13 août, les maquisards de Bir-Hacheim attaquent le camp de La Braconne où sont stationnés les Hindous. Le combat fait sept morts et quinze blessés côté allemand (en fait Hindous) et trois blessés chez les FFI. Le même jour 13 août, la Section Spéciale de Sabotage attaque des véhicules allemands à Mirambeau et à Saint-Ciers-du-Taillon en Charente-Maritime. Des blessés allemands (en réalité Hindous et Russes de l'armée Vlassov) sont conduits à l'hôpital militaire de l'Hôtel-Dieu d'Angoulême. Le 15 août, au nord de Mansle, une compagnie du maquis Bir-Hacheim tend une embuscade à un convoi allemand détruisant trois camions au bazooka. Des tracts sont aussi distribués pour inviter les Hindous, les Russes et les Italiens à déserter. En effet, parmi les troupes allemandes présentes alors en force en Charente se trouvent de nombreuses nationalités auxquelles il faut ajouter des phalangistes espagnols et des Tchèques des Sudètes.  
La dernière armée allemande à se replier est placée sous le commandement du général Elster. Elle regroupe diverses unités comme des régiments de fusiliers marins de la Kriegsmarine de Bordeaux, comprenant en tout environ vingt-mille hommes. La colonne quitte la région de Bordeaux-Libourne aux alentours des 20-21 août. Elle fait une tentative pour passer par Périgueux et Limoges mais doit affronter les FFI de Dordogne, de Corrèze et de Haute-Vienne. Rejoignant Angoulême le 25 août, l'armée allemande remonte vers le nord par Poitiers, harcelée quotidiennement par les maquis de la Charente et de la Vienne. De Poitiers, elle se dirige vers Châteauroux, subissant à la fois les attaques des maquis et les bombardements de l'aviation alliée. Bloquée dans l'Indre, la colonne Elster a fini par se rendre aux Américains au pont de Beaugency le 14 septembre. 
La colonne Taglishbeck mais surtout la colonne Elster sont impliquées dans plusieurs accrochages avec les FFI en Charente vers la fin du mois d'août 1944. Il serait trop long d'énumérer tous les accrochages entre résistants et soldats allemands. Après chaque attaque des maquisards, les Allemands exaspérés s'en prennent à la population locale en exécutant des gens et en brûlant des maisons par représailles comme à La Touche d'Anais et à la Croix d'Argence près de Champniers le 23 août. A Barbezieux, le 27 août, des FFI de Dordogne, venus réquisitionner des véhicules et du tabac autour de la ville, rencontrent des troupes allemandes à l'usine Viaud et à l'hôtel de la Boule d'Or. L'accrochage fait quatre morts et les Allemands incendient des maisons. Le lendemain des troupes allemandes traversent la ville en tirant et en brûlant des maisons. Le général Elster qui est alors au château de Nersac envoie un officier porter l'ordre d'évacuer Barbezieux. Le 29 août, à Taizé-Ayzie, au nord de Ruffec, six maisons du hameau de l'Isle sont détruites par les Allemands après un accrochage avec les FFI. Poursuivant leur route vers Civray, ils font une vingtaine de victimes dans la journée. 
Le commandant de gendarmerie de la Charente, le chef d'escadron Moser, évoque en août 1944 « la nervosité des patrouilles des troupes d'occupation qui voient un terroriste dans tout homme circulant la nuit » en rapportant des incidents qui ont eu lieu à Châteaubernard et à Cognac dans la nuit du 31 juillet au 1er août 1944. Des patrouilles allemandes, à la recherche de terroristes, ont en effet tué un employé du service des eaux à Cognac pourtant muni d’un laissez-passer de nuit et incendié une maison à Châteaubernard. A Cognac, ils ont tué un jardinier qui était dans son jardin et blessé un boulanger se rendant à son travail, lui aussi porteur d'un laissez-passer de nuit. Le 14 août, un train allemand mitraille un camion en panne sur la nationale 10 à hauteur de Breuty, croyant sans doute à une embuscade. Il y a un blessé. 
Voilà pour l'ambiance en ce mois d'août 1944. Progressivement, villages et villes de Charente sont libérés par les résistants, le temps fort étant la libération d'Angoulême. 
 
La libération d'Angoulême 
 
Dès le mois de mai 1944, les Allemands avaient fortifié la ville d'Angoulême en construisant des bunkers sur les carrefours afin d'empêcher l'accès à la ville haute. Ainsi, près de quatre siècles après la dernière restauration des remparts par le duc d'Epernon, Angoulême retrouve en août 1944 sa fonction de place forte. Les FFI, représentés par le colonel Henri Degua, commandant de la place d'Angoulême en 1940, tentent des négociations avec le commandant allemand par l'entremise de l'évêque, Jean-Baptiste Mégnin. La ville étant tenue par un important contingent italien, des négociations sont entreprises avec les Allemands en vue de leur reddition par l'intermédiaire d'un Corse, chef d'orchestre de la Grande Brasserie, au Champ de Mars. Cependant, fin août, l'intention du commandant allemand est de quitter la ville comme on dit « avec armes et bagages ». L'ordre a été reçu de se replier le 25 août. Le 31 août, le préfet négocie un engagement à ne faire sauter ni les ponts, ni les fortifications, ni le central téléphonique. Mais cet accord ne parvient pas aux FFI avant la fin de l'après-midi. Ceux-ci se sont rassemblés autour du colonel Rivière (Marcel Godefroy) qui commande la région R5. On y trouve des maquis charentais : le maquis Bir-Hacheim, des bataillons FTP du maquis de Pressac, la Section Spéciale de Sabotage (qui s'était installée en juin dans la région de Nontron en Dordogne) et le GAS (groupe autonome de sabotage formé en forêt d'Horte relié au réseau Jade-Amicol) ainsi que beaucoup de groupes venus de la Dordogne voisine, des FTP, des gens du maquis Soleil et la brigade RAC (AS Dordogne Nord). Une réunion des chefs de maquis tenue à La Rochefoucauld a permis de répartir les secteurs et d'organiser la stratégie. 
Le premier accrochage a lieu à 7h 30 le 31 août sur le plateau de Ma Campagne au sud de la ville. Dans l'après-midi, l'investissement des faubourgs commence au sud-est. En fin d'après-midi, c'est le début de la progression dans la cité. Les unités essuient les tirs nouuris de mitrailleuses, en particulier à l'entrée Est d'Angoulême sur la route de Périgueux , dans le faubourg de La Bussatte, à l'entrée de la nationale 10, au sud-ouest et au pied du promontoire dans le quartier Saint-Martin. C'est surtout à partir de 17h 30 que s'amorce la manœuvre d'investissement de la ville. Le PC FFI ne reçoit le « mémo », le message du préfet, qu'à 18h 15 alors que la brigade RAC progresse vers les casernes par les rues de La Tourgarnier et de La Valette. A 19h, le surveillant-chef de la prison Saint-Roch reçoit de l'adjudant-chef Boomkamp les prisonniers des Allemands. Le troisième bataillon de la brigade RAC arrive dans les faubourgs sud d'Angoulême au prix de deux tués et de trois blessés. Une section FFI tient la place Boubonnaise, rue de Bordeaux, à proximité de l'actuelle Maison Diocésaine. Après un accrochage avec des traînards allemands, un officier est tué avec son chauffeur et une demi douzaine de soldats allemands sont fusillés. C'est à 20h 45 seulement que le commandant FFI accepte la trêve négociée par le préfet. Le cessez-le-feu se met en place à 21 h. Dans la soirée, des éléments de la brigade RAC et du GAS s'installent à la mairie et à la préfecture. Pierre Laurier, alors âgé de 21 ans, du GAS, est le premier à entrer à la préfecture désertée de ses occupants habituels et à prendre possession au nom de la Résistance. Les résistants et les aviateurs américains et britanniques qui avaient été pris par les Allemands sont alors libérés. Dans la nuit, le drapeau tricolore est hissé au sommet du beffroi de l'hôtel de ville. Les tirs allemands ont provoqué la mort d'une cinquantaine de FFI. Les pertes allemandes sont estimées à cinquante morts et quarante blessés. Des maquisards meurent encore le lendemain car les Allemands ont laissé des pièges dans les casernes. Le 1er septembre, les nouvelles institutions sont mises en place à la mairie et à la préfecture. Le comité départemental de Libération qui s'était formé dans la clandestinité entre en action pour gérer la ville et le département alors que dans le même temps est constitué un état-major FFI associant l'AS et les FTPF. Les mouvements de Résistance distribuent des tracts intitulés « Angoulême libérée de l'esclavage » sur lesquels les Angoumoisins peuvent lire : « Les rues d'Angoulême sont débarrassées de la vermine qui les souillait depuis des années. Le peuple en délire clame sa joie immense; les drapeaux claquent aux fenêtres pendant que d'Angoulême montent des chants de victoire. »  
En effet une foule en liesse envahit les rues d'Angoulême et voit défiler les maquisards qui ont libéré la ville. Un maquisard de la brigade RAC raconte cette journée mémorable : « Un enthousiasme et une animation extraordinaires règnent dans la ville. Nous sommes fêtés par toute la population heureuse de sa libération. Angoulême est en fête. Les ouvriers n'ont pas pris le travail ce matin. Les commerçants pavoisent. Les cafés nous offrent à boire. Tout le monde est heureux. Tout le monde est dans la rue. Les FFI harassés, le visage défait par les combats qui ont précédé, goûtent avec plaisir cette journée de repos bien gagnée.» 
Les 1er et 2 septembre un dernier accrochage oppose dans le nord du département, aux Adjots, des éléments du maquis Foch, stationnés au nord de Ruffec, à un convoi de quelques véhicules constituant l'arrière-garde de la colonne Elster. Les échanges de coups de feu durent une partie de la nuit et conduisent au repli allemand. Visiblement, les Allemands sont désormais conscients qu'ils ont perdu la guerre. L'attentat du 20 juillet 1944 contre Adolf Hitler, fomenté par le colonel Klaus von Stauffenberg et avec lui plusieurs généraux dont Erwin Rommel, n' a eu pour but que de tenter de se débarrasser d'Adolf Hitler et des nazis pour pouvoir négocier avec les Britanniques et les Américains. C'est un échec et la guerre continue. Mais pour la Charente, il n'y a plus de troupes allemandes le 2 septembre à midi. Le 3 septembre, une cérémonie solennelle au monuments aux morts place Beaulieu à Angoulême, puis une prise d'armes sur la place du Parc (Allées de New-York) et un Te Deum à la cathédrale marquent ainsi la célébration officielle de la libération de la Charente. 
 
Conclusion 
 
Bien évidemment, après ces moments de liesse sont venus les règlements de ces années d'occupation. C'est ce que l'on a appelé l'épuration avec ses excès au début. Mais cette épuration n'est-elle pas la réponse à celle exercée par le gouvernement de Vichy entre 1940 et 1944 ? Il faut aussi tenir compte de l'exaltation des esprits après des années de peur et d'oppression. Par ailleurs, la guerre n'étant pas finie, la plupart des maquisards charentais doivent poursuivre les combats sur la côte atlantique, les Allemands s'étant repliés dans leurs bunkers et leur système de défense du Mur de l'Atlantique, constituant ce que l'on a appelé les « poches » de La Rochelle et de Royan. Ces divers éléments FFI sont transformés en régiments et intégrés aux armées régulières. Le maquis Bir-Hacheim devient le 6ème régiment d'infanterie, la brigade RAC et la SSS forment le 50ème régiment d'infanterie, le maquis Foch devient le régiment Foch. Les forces françaises du sud-ouest, créées le 14 octobre 1944 deviennent plus tard un détachement de l'armée de l'Atlantique et sont dirigées par le général de Larminat. Plusieurs de ces unités doivent se battre pendant l'hiver 1944-1945 pour contrer l'offensive Nordwind du général Gerd Von Runstedt dans les Ardennes tandis que le régiment Foch continue à se battre à La Rochelle, aux combats du Gué-d'Alleré le 15 décembre 1944, à l'attaque de Royan le 15 avril 1945 pour revenir à La Rochelle jusqu'à la reddition de la place le 9 mai 1945. 
La Résistance a donné ainsi la preuve que tout n'était pas perdu en France, rallumé l'espérance en des jours meilleurs et reconstitué l'armée française. Le général américain Eisenhower a rendu hommage à sa façon à la Résistance française en déclarant qu'elle avait fait le travail de deux divisions. 
Aujourd'hui en Charente diverses stèles commémorent ces combats, ces événements et au premier chef le mémorial de Chasseneuil-sur-Bonnieure, au milieu d'une nécropole, qui déploie une immense croix de Lorraine.  
 
Vive la République ! Vive la France !  
 
 
 

 
 
 
 
 
 
 
 
 
 
 
 
 
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